A Bordeaux, octobre 2009
Pour toi,
Je t'écris une lettre que je n'enverrai pas, c'est un peu stupide mais tant pis, je crois que j'ai besoin de ça.
Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était presque hier et c'était "X et Julie". C'était "Nous". Ce "Nous" si fragile et tellement incertain. Ce "Nous" que j'ose à peine prononcer de peur de le voir partir.
Hier, nous allions au collège ensemble, nous en revenions, toujours ensemble. Rester chez l'une, chez l'autre. Regarder un film ou parler. Refaire le monde en commençant par la classe. S'appeler, ne rien avoir à se dire mais rester au téléphone quand même. Prendre les vélos et partir au beau milieu de la nuit. Pédaler sans jamais regarder derrière ou si "Ca va, tu me suis?". Je ne sais pas ce que nous fuyions mais Bordeaux était à nous. Tout faire sur des coups de tête. Faire comme si tout allait bien parce qu'ensemble, pour moi, tout allait bien. Trois années de course folle méritent bien un peu de répit. Le répit s'installe. Il se croit tout permis. On ne se voit plus comme avant mais ça n'est pas grave. Faire comme si de rien n'était. On ne s'est rien promis après tout. Mais tout était possible. Je crois que j'ai toujours eu peur de te décevoir. Se cacher derrière une image sans faille de fille sans problème. Ca ne marchait pas tous les jours mais ça tenait le coup. Et après?
Tu sais, je change de lycée, je vais en internat. Mais au fond ça ne changera pas grand chose, on aura toujours qu'un boulevard à traverser pour se retrouver. Et pourtant j'ai l'impression que plus rien ne sera jamais pareil. C'est peut être mon côté fataliste qui veut ça. Tu te souviens du jour ou on avait dit que si on passait les années lycée ensemble, on serai amies? Tu te souviens pas. Moi si. Et si maintenant ça n'était plus possible. J'aurai peut être tout foutu en l'air.
Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était presque hier et c'était "X et Julie". C'était "Nous". Ce "Nous" si fragile et tellement incertain. Ce "Nous" que j'ose à peine prononcer de peur de le voir partir.
Hier, nous allions au collège ensemble, nous en revenions, toujours ensemble. Rester chez l'une, chez l'autre. Regarder un film ou parler. Refaire le monde en commençant par la classe. S'appeler, ne rien avoir à se dire mais rester au téléphone quand même. Prendre les vélos et partir au beau milieu de la nuit. Pédaler sans jamais regarder derrière ou si "Ca va, tu me suis?". Je ne sais pas ce que nous fuyions mais Bordeaux était à nous. Tout faire sur des coups de tête. Faire comme si tout allait bien parce qu'ensemble, pour moi, tout allait bien. Trois années de course folle méritent bien un peu de répit. Le répit s'installe. Il se croit tout permis. On ne se voit plus comme avant mais ça n'est pas grave. Faire comme si de rien n'était. On ne s'est rien promis après tout. Mais tout était possible. Je crois que j'ai toujours eu peur de te décevoir. Se cacher derrière une image sans faille de fille sans problème. Ca ne marchait pas tous les jours mais ça tenait le coup. Et après?
Tu sais, je change de lycée, je vais en internat. Mais au fond ça ne changera pas grand chose, on aura toujours qu'un boulevard à traverser pour se retrouver. Et pourtant j'ai l'impression que plus rien ne sera jamais pareil. C'est peut être mon côté fataliste qui veut ça. Tu te souviens du jour ou on avait dit que si on passait les années lycée ensemble, on serai amies? Tu te souviens pas. Moi si. Et si maintenant ça n'était plus possible. J'aurai peut être tout foutu en l'air.
Sincerement.
Julie.
Julie.
Pour commencer, il y a cette feuille, blanche et simple (grand carreaux), et puis il y a moi. Moi, c'est Julie, la fille qui n'ose pas écrire de peur que les mots deviennent insensés, de peur que ça soit sale, tout simplement. Il y a moi, qui écris d'une extrême lenteur.
Alors voilà. Cela fait maintenant un mois (un peu moins) que les vacances ont débutées, et à l'heure où je t'écris, j'ai froid. Papa et maman ont loués notre maison secondaire pour toutes les vacances. Je ne verrai donc pas la mer cet été, ou très peu. Ainsi, pour la première fois depuis l'age de neuf ans, je ne surferai pas. Je t'avouerai que ça me rend un peu triste de me réveiller tous les matins dans la même ville polluée aux murs sales. Et mon velux ne donne pas sur l'Océan. Ma planche de surf est là, dans cette même chambre d'où je t'écris: son inutilité me frustre.
Durant les dix premiers jours des vacances (ou approximativement), une amie est venue chez moi, de Paris. Ce fût drôlement chouette d'avoir quelqu'un pour brusquer la monotonie de mon quotidien! Et puis elle est partie. Les premiers jours sans elle s'apparentaient à des lendemains de fêtes. Le genre de lendemains ou l'on se sent tellement si seule, et la tête encore pleine de souvenirs, un peu brumeux. Comment peut on être si bien, puis si seul et ce, du jour au lendemain? Les amis sont de jolis déserteurs. On est ensemble et on rit, tout va pour le mieux. On s'attache et le lendemain sur le quai, la réalité de plein fouet à coup de TGV. Partir les mains dans les poches, ne pas se retourner. Ne pas la regarder monter. Ne pas écouter le train partir. Fermer les yeux, se boucher les oreilles, et courir.
La semaine qui suivit fût assez fatale a mon moral. Une semaine à broyer du noir. Rester chez soi, ne plus voir personne. Et Bordeaux qui ne se décide pas à devenir une bordure de mer! Je suis en passe à devenir la fille la plus aigrie du mois de Juillet.
Ressortir petit à petit, un café, un ciné, une soirée...
Et puis je suis partie dans le Gers. Se disputer avec une grand mère qui n'en finit pas de jaser sur des sujets dont elle n'est pas au courant à savoir: ce qui se passe chez moi. Et je coulais des jours heureux ou presque à faire de la mobylette sans casque sur les routes de campagne (c'est pas bien!). Je suis sure qu'a ce moment là j'étais un peu heureuse, c'est obligé!
Et repartir, direction Tours. Baby sitting. Broyer du noir, toujours. Le 24 juillet j'ai pris le train de midi, et je suis rentrée à Bordeaux. Dans le wagon, une anglaise parlait extrêmement fort et, ne s'arrêtait pas. A côté, il y avait Léa (si si, c'est son prénom). Léa avait trois ans à tout casser, une voix a tout casser qui nous cassait surtout les pieds. Et elle criait, et elle pleurait. Et cette anglaise qui ne cessait de parler. Arrivée à Bordeaux, enfin. Personne n'est venu me chercher à la gare. Frustrant.
Je me suis disputée avec ma mère aujourd'hui. Pour des broutilles. Je m'énerve, je m'insurge, je crie ou plutôt, j'hurle. Elle ne comprend pas ma réaction, moi non plus d'ailleurs. Je pleure que j'ne veux plus la voir. J'ai mal aux mains, il faut que je me calme. En redescendant il n'y avait plus personne, ils sont partis sans moi. Tant pis. Et puis j'ai voulu dépenser tout mon argent dans un seul vêtement histoire de faire enrager ma mère, je n'ai rien trouvé a acheter. La braderie, cette merde.
Il faut se changer les idées. Voir des amis. C'est bien ainsi. Je m'ennuie un peu avec des gens qui ne savent pas ce qu'il se passe. Ils sont trop heureux et trop innocents. Ca m'agace. Je t'ai appelée tout à l'heure, tu partais. Je ne crois pas qu'on se voie demain.
Effectivement nous ne nous sommes pas vues. Tu m'as appelée à 14h13 pour me le dire. A ce moment là j'étais au grand théatre à regarder une photographe qui peinait a faire tenir deux ours en peluche debouts, avec pour seules aides un portable et un agenda mais attention! Le portable ou l'agenda ne devaient en aucun cas être visible sur la photo! Cocasse, j'ai pensé. Autant te dire qu'au moment ou tu m'as appelé, j'étais heureuse. On ne se rend pas compte combien il est agréable de regarder les gens s'agiter sur des futilités, j'avais du temps a dépenser, il faut croire. L'après midi, je l'ai passée avec un ami, faire du shopping puis aller de cafés en cafés, acheter des macarons, de chaque couleur bien sur! Et tout manger au Grand Café. Nous menons bon train. A 100€ l'après midi, notre train va vite... On était drôlement bien quand même.
Aujourd'hui depuis une semaine, je vois tous les jours les mêmes personnes. C'est même pas toi. Tu me manques. Désormais je suis "Pourriture". J'aime bien ce surnom.
En ce moment je suis mégalo. Je m'ennuie beaucoup, c'est pour ça. Il faut que tout le monde m'aime. Tout le monde m'aime. Ca n'est qu'un jeu. C'est en fait le seul moyen d'ennuyer et d'embarrasser suffisamment les gens pour qu'ils en viennent à dire le contraire. Je ne t'aime pas Julie. C'est très marrant. Ca ne fonctionne pas sur tout le monde malheureusement. "
Extrait des news summer 2009
Comment ai-je pu en arriver là? Il faut réfléchir maintenant. Il faut partir surtout... Ne plus penser à rien. On fait des rencontres formidables mais ça n'est pas assez pour oublier. C'est un long travail, le reapprentissage de la vie. Long, fastidieux et ça sera seule, comme d'habitude. Se relever, garder la tête haute. On continue. Il faudrait quelqu'un pour nous rappeler que la vie est belle. Un post it, n'importe quoi. J'voudrai pas que vous me reteniez. J'voudrai partir de là maintenant, c'est plus marrant...
Papa, Maman, je crois que je suis mégalo
Posted by: Julie-My in Humanité, Rage, Remise en question, Terriblement MOI-MÊMEJe vous méprise.
(Mademoiselle se rebelle. Elle part, ne sait plus sur quel pied danser. Revient. Ne sait plus quelle attitude adopter. C'est drôle et ludique. Je m'ennuie de Mademoiselle.)